- L’Alsace-Moselle étant occupée par l’Allemagne depuis 1870, tous les hommes doivent faire leur service militaire –et le cas échéant la guerre- dans l’armée allemande. Jean Frémiot, propriétaire de scieries à Wisches n'échappe pas à cette règle.
Mais totalement réfractaire à ce principe il décide lors de l’appel à la circonscription en 1914 par l’occupant de rallier la France "d’outre-Vosges" afin de pouvoir s’engager et combattre dans l’armée française.
Or, le passage des frontières entre l’Alsace-Moselle et la "France de l’intérieur" étant particulièrement surveillé par l’ennemi, il choisit de transiter d’abord par la Belgique, laquelle est prise à son tour dans la tourmente du conflit.
Ne voulant et ne pouvant rebrousser chemin, il ne lui reste plus qu’à passer… en Angleterre d’où il pourra revenir sur le sol français pour s’y engager, au prix de moult péripéties. En effet, à peine arrivé et s’adressant à l’administration anglaise, cette dernière le prend tout d’abord pour un espion allemand, puisqu’il parlait parfaitement la langue, sans oublier que le concept "d’alsacien-lorrain réfractaire" était déjà totalement incompréhensible, y compris des forces alliées (tout autant qu’un peu plus tard pour les "Malgré nous" sur le front russe notamment).
C’est ainsi qu’il fut emprisonné et mis à l’épreuve avec des droits communs et surtout de vrais espions allemands pour le "faire parler". Passé à tabac par ces derniers qui eux, le considéraient comme traitre à l’Allemagne («J'entendais mes os craquer, j'ai fait ma prière car j'ai vraiment cru ma dernière heure arriver…» nous racontera-t-il plus tard), il réussit alors depuis l’infirmerie à faire contacter à Londres un Alsacien exilé qui intercèdera auprès de l'ambassade, lui "sauvant ainsi la peau". Il put alors rejoindre sa chère patrie et s'engager dans l'armée française.