Jean Frémiot: Wischois et Homme d'Exception...
                    - Mais l’histoire se répétant et ne voulant vivre "sous la botte" d’autant que sa désertion des troupes allemandes en 1914 l’avait classé dans les "bon à fusiller", il décide à nouveau de quitter Wisches accompagné cette fois-ci de son épouse Suzanne, née Schmittbuhl et de leur fille Marie-Odile, pour le Centre de la France où de nombreux alsaciens-lorrains se trouvent déjà.
 
Revenue dans l’urgence en Alsace pour régler les affaires courantes, Suzanne Frémiot sera rapidement expulsée par les Allemands avec ses autres parents, comme de nombreuses familles de la Vallée de la Bruche. Elle retrouve alors les siens d’abord à La Palisse puis à Vichy, en "zone libre".
 
Initialement ils pensaient y rester quelques semaines, voire un ou deux mois... la France ne pouvant être vaincue ! Ils y resteront… 4 ans, la débâcle de 1940 ayant enterré tout espoir d’un retour en Alsace. C’est ainsi que leur fille Marie-Odile fera la connaissance d’un officier catalan, Georges Alart, alors en garnison et qu’elle épousera avant de revenir avec ses parents en Alsace enfin libérée.
 
Tous les biens, privés et professionnels ayant été réquisitionnés, mis sous séquestre, confisqués ou vendus par le Reich, Jean Frémiot n’aura de cesse de remonter la scierie familiale qu’il décidera d’arrêter en 1962. Il s’éteindra à Wisches en 1968.
 





Pour la famille et la Mémoire : source : Philippe Alart  – Wisches, février 2013
Georges Alart dans les années 1995 photo Claude Keiflin
         - L’Alsace-Moselle étant occupée par l’Allemagne depuis 1870, tous les hommes doivent faire leur service militaire –et le cas échéant la guerre- dans l’armée allemande. Jean Frémiot, propriétaire de scieries à Wisches n'échappe pas à cette règle.
Mais totalement réfractaire à ce principe il décide lors de l’appel à la circonscription en 1914 par l’occupant de rallier la France "d’outre-Vosges" afin de pouvoir s’engager et combattre dans l’armée française.
 
Or, le passage des frontières entre l’Alsace-Moselle et la "France de l’intérieur" étant particulièrement surveillé par l’ennemi, il choisit de transiter d’abord par la Belgique, laquelle est prise à son tour dans la tourmente du conflit.
 
Ne voulant et ne pouvant rebrousser chemin, il ne lui reste plus qu’à passer… en Angleterre d’où il pourra revenir sur le sol français pour s’y engager, au prix de moult péripéties. En effet, à peine arrivé et s’adressant à l’administration anglaise, cette dernière le prend tout d’abord pour un espion allemand, puisqu’il parlait parfaitement la langue, sans oublier que le concept "d’alsacien-lorrain réfractaire" était déjà totalement incompréhensible, y compris des forces alliées (tout autant qu’un peu plus tard pour les "Malgré nous" sur le front russe notamment).
 
C’est ainsi qu’il fut emprisonné et mis à l’épreuve avec des droits communs et surtout de vrais espions allemands pour le "faire parler". Passé à tabac par ces derniers qui eux, le considéraient comme traitre à l’Allemagne («J'entendais mes os craquer, j'ai fait ma prière car j'ai vraiment cru ma dernière heure arriver…» nous racontera-t-il plus tard), il réussit alors depuis l’infirmerie à faire contacter à Londres un Alsacien exilé qui intercèdera auprès de l'ambassade, lui "sauvant ainsi la peau". Il put alors rejoindre sa chère patrie et s'engager dans l'armée française.
               
Toutefois, ayant déserté de fait l’armée allemande, il fut condamné à mort et risquait le peloton d’exécution s’il était repris à titre civil ou fait prisonnier par les Allemands.
 
C’est pourquoi il s’engagea d’abord dans la Légion Etrangère… afin de pouvoir changer de nom, devenant ainsi Jean DUBOIS. Fort de cet "artifice" il pourra ultérieurement intégrer l’armée régulière française et combattra à Verdun pendant 4 ans dans un régiment d’artillerie.
 
En 1918, il retrouvera sa chère Vallée de la Bruche et y développera la scierie familiale pour en faire la plus moderne de l'époque.